top of page

De la motivation vers l'engagement

On oublie souvent de considérer certains aspects lorsqu’on enseigne aux enfants. On laisse d’ailleurs souvent la pédagogie par projet de côté considérant que le temps qu’elle implique est trop long et qu’il fait en sorte que les élèves finissent par se désintéresser. Mettre la faute sur le type de pédagogie n’est que le résultat d’une incompréhension de ce qu’elle implique. Pour que le projet fonctionne, on doit prendre en considération plusieurs sphères, tout axées sur l’élève. Un bon projet doit mettre l’élève au centre de chacune de ses étapes. Mais comment garder l’intérêt de l’élève tout en gardant en vue l’intention pédagogique première de la séquence d’activité? Pour répondre à cette question, nous devrons explorer deux aspects très importants dans la réussite d’un projet : la motivation de l’élève et son engagement.

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

                                         Modèle motivationnel de Viau (Viau, 1994).

​

 

La motivation

​

Tout d’abord, tentons de définir ce qu’est la motivation. Selon le grand dictionnaire de la psychologie, la motivation est un « Processus physiologiques et psychologiques responsables du déclenchement, de l’entretien et de la cessation d’un comportement ainsi que de la valeur appétitive ou aversive conférée aux éléments du milieu sur lesquels s’exerce ce comportement. »*. Par cette définition, on peut tout de suite faire un lien avec la pédagogie par projet. En effet, la motivation permet à un élève d’entretenir un intérêt ou bien un certain engagement envers un « comportement » qui, dans ce cas-ci est sa participation au projet.

 

Allons encore plus loin. Prenons Maslow et sa pyramide des besoins. La motivation peut être enclenchée par un besoin particulier. Que ce soit un besoin physiologique ou encore un besoin de réalisation de soi, tout besoin amène une motivation pour sa réalisation. Lorsqu’on parle du projet, on peut penser au «besoin d’être reconnu» (ou encore besoin d’estime) ainsi qu’au «besoin de réalisation de soi» (ou d’épanouissement) énoncés dans le haut de la pyramide. On peut alors déceler deux types de motivation bien définis par Pierre Vianin, soit la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque :

 

Motivation intrinsèque : « Les psychologues humanistes — notamment Rogers (1984) — ont beaucoup insisté sur l’importance de ce type de motivation. On pourrait dire à ce propos que l’enfant est « motivé pour » l’activité elle-même, indépendamment des éventuelles satisfactions ou récompenses extérieures que lui procure l’activité. L’élève souhaite donc approfondir le sujet et poursuivre son apprentissage pour le plaisir, par curiosité et pour son intérêt personnel » (Vianin, 2007)

 

Motivation extrinsèque : « se situe par contre à l’extérieur du sujet. Ce sont les renforcements, les feed-back et les récompenses qui alimentent la motivation. L’élève effectue ici une activité pour en retirer un avantage ou pour éviter un désagrément. On reconnaitra ici l’approche béhavioriste (comportementaliste). [...] Ici, l’enfant est « motivé par » un élément extérieur à l’apprentissage lui-même ou « par » la récompense que lui procure l’activité dans laquelle il est engagé. L’élève extrinsèquement motivé cherche donc à obtenir une récompense ou à éviter une punition. Le risque de cette approche est qu’en détournant les élèves de l’objet lui-même de l’apprentissage, on risque de le détourner aussi d’un apprentissage réellement signifiant. » (Vianin, 2007)

 

On peut alors déduire que, pour qu’un projet soit motivant, il doit se référer directement aux intérêts de la classe afin de favoriser une motivation intrinsèque plutôt qu’extrinsèque. La motivation extrinsèque est importante dans toutes les sphères de l’éducation, mais l’intrinsèque peut favoriser davantage de fierté et d’estime pour l’élève qui cherche à s’accomplir en réussissant un projet ou une activité quelconque. Bien qu’elles soient différentes, ces deux motivations travaillent de pair. En effet, un élève recevant du renforcement positif (motivation extrinsèque) aura tendance à avoir davantage confiance en ses compétences et ainsi aura une plus grande motivation intrinsèque (Vianin, 2007)

 

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

                                                     Source: http://www.nouscomprendre.com/pyramide-de-maslow/

 

Rolland Viau, chercheur dans le département de pédagogie de l’Université de Sherbrooke, se spécialisant d’ailleurs sur la motivation en contexte scolaire, a recensé des conditions auxquelles doit répondre une activité d’apprentissage pour déclencher et entretenir la motivation de l’élève. Voici une présentation brève de ces 10 conditions (Viau, 1994) :

 

Pour qu’une activité d’apprentissage soit motivante pour l’élève, elle doit :

 

  • Être signifiante, aux yeux de l’élève

  • Être diversifiée et s’intégrer aux autres activités

  • Représenter un défi pour l’élève

  • Être authentique

  • Exiger un engagement cognitif de l’élève

  • Responsabiliser l’élève en lui permettant de faire des choix

  • Permettre à l’élève d’interagir et de collaborer avec les autres

  • Avoir un caractère interdisciplinaire

  • Comporter des consignes claires

  • Se dérouler sur une période de temps suffisante

 

Vous êtes invité à cliquer ICI afin de visiter un site internet vous permettant de mieux cerner la raison d’être de chacune de ces conditions de manière précise et concise en plus de trouver une grille vous permettant d’évaluer votre activité ou projet d’apprentissage.

​

​

 

L’engagement

​

Bien que parfois le concept d’engagement puisse être confondu à celui de motivation, il ne faut pas penser que ces deux concepts se rapportent à une même définition.

 

« Si la motivation est à l’origine [d’une] action ou [d’un] comportement, l’engagement en devient le résultat. [L]’engagement au travail de l’individu [peut être] considéré comme l’aboutissement d’une force motivationnelle. La motivation précède l’engagement ». À cet égard, la motivation peut être considérée comme un moteur de l’action; une condition nécessaire, mais non suffisante de l’engagement » (Viau, 1994)   

 

Connell définit le concept d’engagement comme « le déclenchement de l’action, la quantité d’effort et la qualité de la persistance face aux tâches scolaires, tout autant que l’état émotif de l’élève » (Connell, 1990 cité par Bernet, 2010). On comprend alors que même si motivation et engagement ne sont pas synonymes, ils sont liés. Comment avoir l’engagement sans la motivation? Nous ne croyons pas cela possible! Sans la motivation, qui permet l’entretien de l’intérêt, un élève ne verra pas la nécessité de s’engager dans la réalisation du projet. La motivation à elle seule, bien qu’essentielle à l’engagement n’est pas le seul concept y étant associé. Le concept de participation est d’autant plus important. Lorsqu’on parle de « participation », on ne veut pas simplement dire la participation au projet en tant que tel, mais bien à sa conception, à son élaboration et à son organisation. La participation est définie comme une « situation où l’apprenant prend une part active aux diverses phases de son cheminement d’apprentissage et de développements multiples » (Legendre, 2005). Donner des choix à l’élève tout au long du projet, faire des tempêtes d’idées avec eux, leur demander des conseils, leurs préférences ou encore ce qu’ils modifieraient peut permettre à un élève de se sentir d’autant plus engagé dans la réalisation de celui-ci.

 

Stéphane Côté (2008), enseignant au primaire et lauréat du Prix du premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement en 2003 ont d’ailleurs fait 4 recommandations permettant l’engagement des élèves dans les activités pédagogiques qu’il aborde dans son mémoire de maitrise en éducation :

 

  • Penser à la motivation des élèves avant même le contenu disciplinaire

  • Scinder le projet en plusieurs étapes

  • Changer l’approche de l’enseignant

  • Intégrer les TIC

 

L’importance qu’a la motivation intrinsèque pour l’engagement est de premier ordre. On doit penser à la motivation avant même de penser au contenu disciplinaire impliqué dans un projet. L’élève n’est pas niais, il se rend bien compte lorsqu’un projet n’est qu’une raison de faire une production écrite. Il faut cibler des aspects pouvant plaire aux élèves, les motiver tout au long du projet à l’aide d’ajouts, faire en sorte de prendre le temps de le faire. Ce n’est pas en créant d’un bout à l’autre le projet qu’il sera favorable, mais bien en impliquant les élèves dans chacune des étapes de l’élaboration du projet qu’il pourra se révéler bénéfique et surtout motivant.

 

En bref, lors de la réalisation d’un projet il faut garder en tête la motivation intrinsèque de l’élève. C’est en prenant en compte les intérêts, la participation, les choix et la responsabilisation de l’élève qu’on peut favoriser son engagement tout au long du projet.

​

Lien vers la page «Bibliographie».

​

​

​

​

​

​

Sciences de l'éducation

Université Laval

© 2017 by Marie-Philip Hamel, Audrey-Maude Harvey et Naomie Poirier

bottom of page